Le feu de l'actualité
Ma sympathie va au Général Rondot. Lorsqu'on sert la France, comme il la sert, il est indécent d'entendre des syndicats de magistrats déclarer aux antennes "que chacun est tenu de". Car la Justice, elle, est tenue d'être tenue, et de se tenir. Or, si les embardées des scandales médiatico-judiciaires venaient à relancer l'atmosphère étouffante de ce que l'on a appelé ces dernières années le pouvoir des juges, il faudrait bien, autant que pour les ingérences du pouvoir exécutif, y mettre fin. Ou bien s'interroger dès aujourd'hui sur le remplacement d'institutions littéralement faussées.
Ce qui nous donne l'occasion d'affirmer que l'affaire Clearstream ne présente, du point de vue politique, aucun intérêt. Et que l'hypothèse de comptes bancaires détenus à l'étranger par des hommes politiques, si elle était vraie, ne me gênerait pas. Ceux qui ont été placés aux responsabilités de la nation, des grands pouvoirs, et des organes supérieurs de leur administration l'ont été pour s'acquitter mission d'assurer et poursuivre leur pérennité, et l'intérêt du pays. Le reste n'est que détournement d'attention, ou denrée pour journaux à scandale.
J'ajoute qu'il faudra réinstituer la totalité des Services Secrets Français, ainsi que les fonds secrets supprimés par le tandem bi-présidentiel Jospin-Chirac, qui alimentaient certains d'entre eux. Les organismes de renseignement et d'action sont un atout indispensable au service de tout ensemble majeur : nation, état, pays. La France était et l'un, et l'autre, et le suivant il y a peu de temps encore.
Bayrou a raison, sur un point seulement : cette atmosphère de haine au sommet de l'état, révélée par l'affaire, et qui découle encore plus, précisément de cette révélation, est insupportable. Pour ce qui est des procédés indélicats nourris par les uns à l'égard des autres, ils sont bien connus et font partie du grain de la vie politique. Et nous touchons une des critiques majeures que nous avions à l'égard du Gouvernement Villepin. Avoir accepté de se former en comptant dans ses rangs, de surcroît au second, N. Sarkozy. Astuce suprême, qu'on avait crû faiblesse, du président de la république, qui se représentera l'an prochain. Et qui sait depuis longtemps fatiguer un adversaire, en lui laissant accomplir des fonctions exécutives usantes. Quoi qu'il en soit, Dominique de Villepin aurait dû refuser cet indésirable tamdem, qui associe en outre le chef du premier parti de France à ce gouvernement.
Le Président de Bolivie, Monsieur Morales, prend les justes décisions pour son pays. Il est triste, il est grave qu'il n'ait trouvé écho à ses démarches que parmi des reponsables de Gauche, et que la fracture morale existant entre l'ultra-capitalisme et la vie soit si indécente et si avant qu'elle puisse se jouer sur la question de l'eau. Dans quel cauchemar vivons-nous, quelle fiction futuriste, allai-je dire ? Qu'un chef d'état étranger, hors visite d'état, soit cependant reçu par le Maire de Paris, et non par une autorité gouvernementale ou un représentant de l'état Français, voilà encore une anomalie qui s'ajoute à la fiction dérisoire et tragique de pouvoirs en perdition et d'un sens du monde trahi.
Si nous ne refondons pas la Société dès à présent, nous ne la refonderons jamais.